Les deux personnages des « Diablogues », Un et Deux comme ils sont nommés par l’auteur, nous parlent, nous entretiennent d’un monde dévasté, probablement détruit par une sorte de déshumanisation globale, lente et rampante… inéluctable…
Il faut donc réinventer un autre monde, un nouveau monde, un monde différent…
Comment faire ?
Verbaliser l’humanité, la mettre en mots pour la reconstruire, la faire renaître de ses cendres encore chaudes d’une « Vie d’avant » le cataclysme psychique, si proche…et pourtant si loin…disparue…
Pour ce faire, ces deux clowns du verbe, Un et Deux, parlent, vocifèrent, fabulent, inventent, raisonnent…un nouveau langage….ils détournent les mots, triturent le sens, les sens…l’essence du langage…Mais ce qu’ils raisonnent est déraisonnable, ce qu’ils fabulent est indéfendable et ce qu’ils vocifèrent est incompréhensible…Cette douce folie « becketienne » par bien des aspects (dans le sens où toute cette verbalisation par définition est vaine et sans espoir…) est malgré tout nécessaire et vitale au maintien de la position d’être vivant sur cette planète…Pour comprendre ou essayer de comprendre les raisons existentielles de la présence de l’homme sur terre, il faut faire vivre les mots….seule issue…les bouger, les malaxer, les réduire en miettes et en bouillie…avant de les faire renaître neufs et frais…pour réinventer le monde…Il faut les mettre en avant, en arrière, en exergue afin de pouvoir enfin articuler sa pensée et ses idées…les mots deviennent alors eux-mêmes les personnages de cette histoire de l’humanité à reconstruire…un peu dans l’idée de Nathalie Sarraute dans son livre « Ouvrez » où « Pourquoi » répond à « qu’est ce que ça a de surprenant » alors que « au revoir » décide de quitter la conversation…Un et Deux sont perdus, sans repères dans cet espace inconnu et indicible…Ils ont tout simplement peur, et cela les amène, de manière pathétique quelquefois et drôles, souvent, à mettre en place une dialectique théâtrale surprenante dans une urgence vitale et jubilatoire…Cette recherche « sartrienne » de Dubillard (nous n’avons pas choisi de naître et nous sommes pourtant responsables de tous nos actes…) se prodigue par jets, par salves, par fulgurances…Le monde est vain, sa mise en mots aussi, mais il reste cet espoir secret d’un lendemain différent où l’humanité se sera sauvée par sa propre humanité retrouvée…Malgré tout, Un et Deux philosophent avec joie et surréalisme de leur propre avenir, de leur propre devenir…dépendant de leur passé et basé sur leur présent…
Explosion de rire et de folie....plongez dans l' absurde...vous serez surpris , déroutés et vous rirez aux larmes.
Participation libre
Téléphone pour réserver : 06 6614 27 71 ( date limite , le 17 juin ).
Autre représentation : dimanche 18 juin / 15 h